
Et si l’on remettait le plaisir au centre de nos vies? Si l’on prenait le temps de s’offrir ce qu’il y a de mieux pour nous? Si l’on cessait de se laisser bercer par les circonstances et limiter par nos infinies exigences? Le plaisir est important, essentiel à notre épanouissement et à notre bien-être, primordial pour l’harmonie de notre famille, fondamental au bonheur de notre couple, indispensable à une passionante et stimulante vie professionnelle et déterminant pour donner sens et consistance à nos relations et actions sociales. Et pourtant, le plaisir est le parent pauvre de nos préoccupations et occupations quotidiennes.
Je vous propose de renverser la vapeur: dans cet article – et grâce aux fiches-outils qui l’accompagnent – je vais vous montrer comment vous “ravitailler en plaisirs” (1) et comment repenser votre vie depuis cette notion, de telle sorte que non seulement vous pourrez dès aujourd’hui lui faire place dans votre quotidien mais également construire peu à peu un nouveau style de vie plus en accord avec vos besoins et vos aspirations. Car se faire plaisir, c’est avant tout respecter ses besoins et donc se respecter soi-même…
PLAISIR ET ESTIME DE SOI
(NON, LE PLAISIR N’EST PAS UN LUXE)
Le plaisir a mauvaise presse. Encore aujourd’hui, il est considéré comme un luxe, un plus, une récomprense éventuelle, facultative, optionnelle: on fait d’abord “ce que l’on a à faire” (les courses, les dossiers, les devoirs avec les enfants, les réunions de ceci et de cela…) et puis ensuite, quand on a le temps et tel un pourboire que l’on se donnerait à soi-même comme rétribution de nos louables efforts, on se fait plaisir. Cette conception du plaisir a son histoire et puise notamment (mais pas seulement) son origine dans
“… le contexte de l’évolution et de l’histoire de l’humanité. Il y a eu (et il y a) tellement de dangers et d’obstacles à surmonter pour assurer la survie que le souci d’un plaisir apparemment “facultatif” semble moins valable et certainement moins urgent”
Lionel Tiger, A la recherche des plaisirs, 1992
Toutefois, soyons honnêtes: ni vous ni moi n’expérimentons une existence centrée autour de ces “questions vitales de survie” et continuer de penser le monde depuis cette perspective vous servira de peu: vous ne profiterez jamais de ce que votre vie a à vous offrir (ou plutôt de ce que vous pouvez vous offrir au cours de votre vie) et aurez bien du mal de ce fait à aider qui que ce soit à assurer et améliorer profondément, durablement et en toute autonomie sa propre qualité de vie.
Stress, fatigue, surmenage, abattement, frustration, mal-être, maladie, insatisfaction, ennui, lassitude, troubles du sommeil, troubles de l’appétit… et j’en passe, continueront de former le coeur du vocabulaire collectif et individuel de votre environnement personnel et ne cesseront de parasiter et gâcher votre expérience concrète et sensible.
Il est temps par conséquent de changer de paradigme et de changer de vocabulaire. Cessons de considérer le plaisir comme quelque chose d’accessoire, relevant du luxe et de la chance. “Le plaisir est un droit” affirmait Lionel Tiger dans son essai. Les êtres humains en ont besoin – continuait-il – comme ils ont besoin “de l’eau ou de la chaleur”.
Le plaisir est un droit en effet, en ce qu’il est un ingrédient essentiel et fondamentalement nécessaire à la construction et consolidation de notre équilibre mental, émotionel et physiologique:
Se faire plaisir, c’est satisfaire un besoin (2)
Satisfaire un besoin, c’est prendre soin de soi
Prendre soin de soi, c’est faire preuve d’estime de soi
Dis-moi comment tu prends soin de soi, je te dirai comment tu t’estimes (3)
Or, l’estime de soi s’alimente et se cultive jour après jour, heure après heure, sans interruption; pas seulement le soir après le boulot, pas seulement le week-end ou en période de vacances! Prendre soin de soi, respecter ses besoins, nourrir ses valeurs et se faire plaisir sont en réalité des activités à plein temps, essentielles pour notre développement personnel et notre réalisation professionnelle. Elles ont de fait l’avantage sur toutes autres tâches quotidiennes de se faire avec joie et enthousiasme… avec plaisir en somme! Alors pourquoi s’en priver?
Il est donc plus que temps de se retrousser les manches et d’apprendre à se “ravitailler en plaisirs” comme le propose Lionel Tiger! Mais par où commencer? Peut-être pourrions-nous définir tout d’abord de quel(s) plaisir(s) nous parlons?
LES QUATRE TYPES FONDAMENTAUX DE PLAISIRS
Dans son essai déjà cité, Lionel Tiger définit quatre types fondamentaux de plaisirs. Je reprends presque telles quelles les définitions qu’il en donne (4):
- Les physioplaisirs: ils incluent les expériences sensorielles mettant en jeu les organes sexuels ainsi que les sens du goût et de l’odorat qui réagissent aux aliments, aux boissons et aux parfums, naturels ou artificiels. On y trouve aussi des impressions physiques plus globales qui peuvent résulter de massages, d’exercices, de contact avec de l’eau froide ou chaude, de bains de soleil…
- Le socioplaisir: il s’agit de l’agrément que les gens ont à se trouver en compagnie, à participer à une fête, à chanter en choeur, à faire la “ola” dans un stade de foot ou simplement à bavarder ensemble.
- Le psychoplaisir: celui-ci dérive principalement d’activités engagées et réalisées par l’individu. Celui qui accomplit une tâche, même terre à terre, éprouve une satisfaction à l’accomplissement et à la mise en oeuvre du savoir-faire, de l’énergie et des ressources nécessaires pour la mener à bien.
- L’idéoplaisir: un type d’idéoplaisir est celui que procure la création ou la réception d’entités théoriques telles que films, immeubles, pièces de théâtre, musique, objets d’art, livres, mots croisés ou problèmes scientifiques à résoudre. Un autre type d’idéoplaisir est le plaisir que l’on trouve dans la nature, le plaisir que procure l’environnement en général. L’idéoplaisir est mental, esthétique et souvent extrêmement personnel.
ALORS, OÙ EN ÊTES-VOUS?
Avant toute chose, il convient de faire un petit diagnostic:
- Comment vous faites-vous plaisir?
- Et d’ailleurs, vous faites-vous plaisir?
- Et encore, vous faites-vous plaisir de manière égale dans toutes les catégories définies par Lionel Tiger?
Pour vous en assurer, je vous invite à prendre le temps de faire l’activité suivante. Il vous suffit de cliquer sur l’image ci-dessous et d’imprimer la fiche-outil:
DE L’ART DE CULTIVER LES PLAISIRS
La question est maintenant d’agir très concrètement car remettre le plaisir au centre de nos vie dépend exclusivement de ce que nous-mêmes sommes prêts à faire pour cela. Je vous propose deux modes d’appréhensions de la question.
La première vous permettra de remettre très rapidement le plaisir au coeur de votre vie quotidienne; tout dépendra en réalité de votre engagement à le faire et de votre créativité et ouverture d’esprit quand aux différentes possibilités qui s’offrent à vous. Pour cette première approche, je vous invite à télécharger et imprimer la fiche suivante: To-do-list et plan d’action.
La seconde, que vous pourrez travailler grâce à la fiche Visualisation et premiers objectifs vous invite à vous interroger plus avant et à repenser votre style de vie et le cadre de référence qui est le vôtre (votre vision du monde et de la vie, en quelque sorte) depuis cette notion fondamentale de Plaisir. Est-ce bien utile? C’est un choix: celui de se faire plaisir… ou pas.
___________
(1) L’expression est de l’anthropologue canadien Lionel Tiger, auteur de l’essai A la recherche des plaisirs (1992).
(2) Citons parmi eux et de façon non exhaustive les besoins de repos, de relaxation, de confort, de propreté, de sécurité, de stabilité, d’amour, d’affection, de relations chaleureuses, de reconnaissance, d’accomplissement de soi…
(3) Jean-Luc Avella Bagur, Stéphanie Plessis, “Processus de construction identitaire” in Devenir Coach Professionnel, Paris, 2014.
(4) Cf. Lionel Tiger, A la recherche des plaisirs, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1992, p. 77-86.
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